Le Dévoilement des secrets est un écrit mystique de l’un des plus grands représentants du soufisme iranien du XIIe siècle, Rûzbehân Baqlî, qui vécut dans la ville de Shîrâz, la patrie des poètes Hâfiz et Sa’adi.
L’ouvrage est la consignation épisodique de visions spirituelles de Rûzbehân qui vont de l’âge de trois ans jusqu’à la fin de sa vie. Ces visions ont pour objet Dieu, les prophètes, les anges, etc. ; elles tiennent à la fois du merveilleux et du paradoxe. Nul doute que pour beaucoup elles apparurent et apparaîtront scandaleuses. En effet elles expriment par excellence le sens et la situation singulière du soufisme dans la société musulmane. Le titre de l’ouvrage révèle l’aspect paradoxal du soufisme, il prétend dévoiler des secrets dont la vocation est de rester cachés. L’entreprise relève de la transgression de tous les codes institués et subvertit la tradition au nom de la tradition même qu’elle réinstalle ainsi, car le geste transgresseur qui consiste à manifester ce qui est supposé demeurer secret, bouleversant ainsi les habitudes, c’est véritablement la tradition. En ce sens le biographe de Rûzbehân a pu désigner cet ouvrage comme l’essence même du paradoxe. Le texte de Rûzbehân est donc un retour aux sources particulièrement salutaire en un temps où les soufis sont encore la proie de l’hostilité et de la violence des tenants d’une religion dont la seule légitimité est d’être celle de leurs pères. Ce paradoxe apparaît comme le seul antidote à l’oubli de Dieu, ses saints et ses anges.