Cet homme qui vous parle comme si vous y étiez a toujours eu, dit-il, « l’esprit de l’escalier ». Jamais pourtant jusqu’à cette nuit ça ne lui était arrivé en descendant un escalier. Et le voici planté sur une marche, au pied du mur. Devant ce graffiti où il croit reconnaître la mort, sa faux sur l’épaule. Bon, et après ça ?
Ensuite, il empruntera le pont de Remontrance, vertigineux la nuit. Puis s’engagera dans le dédale des rues tracées au cordeau. Atteindra le port de Commerce où la vie nocturne bat son plein. Promesse ou menace ? Car on n’y trouve pas seulement des jolies filles peut-être disponibles. Mais aussi et surtout des brutes excitées par l’alcool, une bande de hooligans motorisés, et, plus inquiétants, les petits soldats d’une armée qui n’existe pas encore mais attaque déjà.
Ce n’est pas fini. Vous oubliez ce 7,65 au chargeur presque plein…
Entre ici et ailleurs, l’Atlantique Nord aujourd’hui et hier « l’Amazonie », le scénario et son démenti ; ce qui aurait dû arriver (mourir ?) et ce qui a été (vivre ?), concubine et petite amie, amitié et rivalité, négoce et regret ; de l’arme à la cible et de l’enfance au trépas, cet esprit-là n’en finit plus de faire la navette. Tour à tour et à contretemps dopé aux amphétamines et maté par les tranquillisants, de remonter aux sources d’où il coule à pic.
Et le corps suit, tant bien que mal. D’escalier en escalier.
A propos, et notre graffiti ? On dirait un rébus. Seulement, où sont passées la Mort, sa faux et son épaule ?