Dans sa théorie de l’évolution par la « sélection naturelle », Darwin a ajouté un second processus, qu’il baptise « sélection sexuelle ». D’abord pensé pour expliquer les caractères exubérants des mâles, comme la queue du paon, ce concept a, par extension, servi à définir des rôles sexuels stéréotypés, le mâle devant conquérir et la femelle pouvant choisir. Appliquée à l’espèce humaine, cette théorie de la « sélection sexuelle » a pu servir d’explication (voire de justification) du viol, de l’infidélité ou de la pornographie.
J. Roughgarden rejette ce modèle en s’appuyant sur les faits accumulés par la biologie. Il existe, par exemple, des espèces où c’est la femelle qui est combative, colorée, et le mâle qui s’occupe des soins aux petits. On compte en outre chez les animaux des comportements homosexuels, des individus transgenres, et des espèces où cohabitent plus de deux « genres ».
Les explications en termes de sélection sexuelle s’inspirent également du paradigme du « gène égoïste » où dans la nature tout ne serait que conflit, égoïsme, profit. Contre cette image d’une guerre des sexes généralisée, Roughgarden propose une alternative qu’elle appelle « sélection sociale », mettant en avant le travail d’équipe et la coopération entre les partenaires.
Joan Roughgarden (née Jonathan, en 1952) est une biologiste américaine, professeure à l'université de Stanford, spécialiste de l’écologie comportementale et de la biologie des populations.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Thierry Hoquet.