« Les Belles Paroles : ainsi les Indiens Guarani nomment-ils les mots qui leur servent à s'adresser à leurs dieux. Beau langage, grand parler, agréable à l’oreille des divins qui l’estiment digne d’eux. Rigueur de sa beauté dans la bouche des chamanes inspirés qui les prononcent […], ces né’ en poran, ces belles paroles, elles retentissent encore au plus secret de la forêt qui, de tout temps, abrita ceux qui, se nommant eux-mêmes Ava (les Hommes), s'affirment de cette manière dépositaires absolus de l'humain. Hommes véritables donc et, démesure d’un orgueil héroïque, élus des dieux, marqués du sceau du divin, eux qui se disent également les Jeguakava, les Adornés… »
Trois types de textes sont réunis dans cette anthologie commentée : des mythes où se raconte une histoire des dieux, du monde et des hommes ; les Belles Paroles, au sens propre, beaucoup plus ésotériques : textes où la cosmogenèse fait l'objet d'une spéculation religieuse ; des commentaires, enfin, très libres, où un nouveau pas est franchi : celui de la conceptualisation métaphysique.
On a regroupé ces textes dans une succession idéale : « temps de l’éternité », « lieu du malheur », « ce que disent les derniers ».
Pierre Clastres
1934-1977. Études de philosophie ; après quoi, s’oriente vers l’ethnologie américaniste. Séjours de plusieurs années parmi des tribus indiennes du Paraguay, du Brésil central et chez les Yanomami du Venezuela. Enseigne quelque temps à l’université de Sao Paulo puis chargé de recherches au CNRS.
Auteur de la Chronique des Indiens Guyaki (Plon, 1972) et de L a Société contre l’État (Éditions de Minuit, 1974).