Le Menuisier de Nevers
Poésie ouvrière, fait littéraire et classes sociales (XVIIe-XIXe siècle) Dinah Ribard

Le Menuisier de Nevers est un nom d’auteur. C’est même le premier à être devenu célèbre parce que celui qui s’en servait proclamait dans ses livres qu’il était un ouvrier. Tout ici est étonnant : la date d’abord, autour de 1640, bien en amont de l’industrialisation de la France et d’une démocratisation de la culture ; la disparition complète du canon littéraire, ensuite, de ce poète longtemps fameux, réédité, lu et commenté, qui s’appelait en fait Adam Billaut.
La chronologie de la poésie ouvrière pose le problème historique qui se trouve au coeur de ce livre. La littérature n’a pas attendu que les ouvriers deviennent des acteurs de l’histoire, au XIXe siècle, pour consacrer des auteurs issus du peuple laborieux. L’apparition de ce travailleur manuel sur la scène littéraire à l’époque de Louis XIV prouve que la littérature n’enregistre pas le mouvement de l’histoire : elle est une forme d’action qui transforme les voies d’accès à la parole publique et façonne l’histoire des classes sociales.
Au cours des deux siècles suivants, on a trouvé naïve et populaire la poésie très savante de ce « Virgile au rabot ». Exception glorieuse dans une société férocement hiérarchique, sa figure a maintenu hors de la littérature les très nombreux artisans qui ont composé des vers dans cette période. Elle a ensuite été relayée par les ouvriers poètes qui ont intéressé un moment les éditeurs et écrivains progressistes de l’époque industrielle. En retrouvant tout ce peuple d’auteurs, Dinah Ribard montre que la littérature est une contribution essentielle à l’histoire de l’inégalité.

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SOMMAIRE

Avertissement
Introduction

PREMIÈRE PARTIE

Faire exception
Un poète ouvrier au siècle de Louis XIV
Chapitre premier. Avant le Menuisier. Deux poèmes d’Adam Billaut.
Chapitre ii. De l’autre côté du miroir

DEUXIÈME PARTIE

Confirmer la règle
Ce que la littérature périme
Chapitre iii. La science du charpentier.
Chapitre iv. Théoriser
Chapitre v. Poésie de ville

TROISIÈME PARTIE

Scènes de la vie politique
Chapitre vi. Nevers
Chapitre vii. Conjonctures de l’écrit

QUATRIÈME PARTIE

L’atelier des Lumières
Chapitre viii. Un ouvrier dans l’histoire littéraire
Chapitre ix. Un rondeau et une chanson
Chapitre x. Maître Adam en Révolution
Chapitre xi. Poésie et industrie

CINQUIÈME PARTIE

Les fantômes du menuisier
Chapitre xii. Le savetier et le policier
Chapitre xiii. « Maître André, faites des perruques »
Chapitre xiv. Le cordonnier apollonisé

SIXIÈME PARTIE

Poésie civique, littérature locale
Chapitre xv. L’âge d’or à Saint-Étienne
Chapitre xvi. Poésie et démocratie
Chapitre xvii. Le Maître Adam stéphanois

SEPTIÈME PARTIE

Le peuple des poètes
Chapitre xviii. Voix d’en bas
Chapitre xix. Le Menuisier de Nevers
Chapitre xx. Poésies en pot

Conclusion
Remerciements
Index