Les mathématiques sont aujourd’hui l’objet de toutes les attentions, dans l’éducation et la recherche, dans les besoins d’innovation technologique, et dans la compétition économique. Les travaux se sont multipliés pour révéler les pénalités infligées aux sociétés où s’affaiblit le maniement des savoirs et des informations associés aux mathématiques. Dans un monde surexposé aux outils algorithmiques, la numératie devient un enjeu civique majeur. Pourtant, le fossé se creuse, en France, entre la formation des élèves, qui perd en efficacité et en équité et la valeur encore élevée de la recherche mathématique ; alors que d’autres nations réagissent pour éduquer leur jeunesse et attirer les talents. Pour comprendre de telles évolutions, cet ouvrage collectif explore les rouages de cette science prestigieuse, exigeante et intimidante. Comment les mathématiciens travaillent-ils et sont-ils formés ? Comment leurs idées rivalisent-elles dans l’espace mondial ? Quelle est la valeur du génie et de la communauté scientifique dans l’ethos de la profession ? Pourquoi les femmes y sont-elles encore très minoritaires ? Quels ont été les effets de la réforme des « mathématiques modernes » ? Autant de questions qui permettent d’aborder les spécificités du « monde des mathématiques », structuré – comme l’art ou le sport – par l’universalité de son langage, la rigueur de son exercice et son incessante créativité.
Pierre-Michel Menger est sociologue, professeur au Collège de France. Il a publié, au Seuil : Portrait de l’artiste en travailleur. Métamorphoses du capitalisme (2003) et Le Travail créateur. S’accomplir dans l’incertitude (2009).
Pierre Verschueren est historien, maître de conférences à l’Université de Franche- Comté (Centre Lucien Febvre), spécialiste de l’histoire des savoirs scientifiques et de l’enseignement supérieur.
Avec les contributions de Michael J. Barany, Odile Chatirichvili, Rémy Cerda, Karine Chemla, Sophie Coeuré, Simon Decaens, Renaud d’Enfert, Samson Duran, Hélène Gispert, Colin Marchika, Julien Muller, Philippe Nabonnand, Alice Pavie, Jeanne Peiffer, Laurent Rollet, Martina Schiavon, Jean-Marc Schlenker, Martine Sonnet, Yannick Vincent et Bernard Zarca. Ouvrage publié avec le soutien de la fondation du Collège de France et de son mécénat LVMH
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SOMMAIRE
Introduction
1. Première partie HIÉRARCHIES ET COMPÉTITIONS
Chapitre 1. L’ethos professionnel des mathématiciens
Chapitre 2. L’antilocalisme mathématique.
Chapitre 3. À la recherche d’une « hiérarchie » des sous-disciplines en mathématiques
Chapitre 4. Éléments de sociohistoire des mathématiques
Chapitre 5. Inégalités et hiérarchies au sein de l’American
2. Deuxième partie TRAJECTOIRES ET EXPÉRIENCES
Chapitre 6. Deux mathématiciennes à la Caisse nationale des sciences.
Chapitre 7. Les avatars d’un poste intermédiaire.
Chapitre 8. Être membre du Bureau des longitudes.
Chapitre 9. Poétiques autobiographiques de l’eurêka mathématique.
3. Troisième partie COMMUNAUTÉS ET TRANSMISSIONS
Chapitre 10. Les journaux mathématiques et leurs communautés de lecteurs aux xviiie et xixe siècles
Chapitre 11. « Pêcher des poissons pour leur apprendre à nager » ?
Chapitre 12. « Pêcher des poissons pour leur apprendre à nager » ?
Chapitre 13. La réforme des « mathématiques modernes ».
4. Quatrième partie CIRCULATIONS ET INTERNATIONALISATIONS
Chapitre 14. « Who’s afraid of a vector ? »
Chapitre 15. Une discipline « vraiment internationale ».
Chapitre 16. Réflexions sur la fabrique de communautés mathématiques imaginées et sur de possibles alternatives.
Notices biographiques
Index des notions
Index des noms propres