Béatrix se réveille dans une chambre inconnue. Son corps est brisé, sa mémoire en miettes, ses yeux ouverts sur une obscurité totale. À mesure que le temps noir de la chambre s'égrène, la jeune femme recouvre peu à peu ses esprits, des réminiscences affluent.
Atteinte d'une malformation du nerf optique, Béatrix n'a cessé depuis l'enfance de refuser l'instant où la cécité se jettera sur elle. Au terme d'une longue errance, elle échoue sur la côte Ouest des États-Unis où son destin croise celui de Sherryl et de Tom. Quelques semaines après cette rencontre, elle s'effondre, aveugle. Depuis plusieurs jours, elle est soignée, à demi-consciente, au pavillon Dolores, une clinique à une centaine de miles au sud de San Francisco. Autour de Béatrix, c'est tout un monde qui prend forme, des voix et des gestes sont perçus depuis le lit : il y a l'inquiétant docteur Graber, l'infirmière Daisy, Luster, enfin, un aide-soignant désabusé qui a sombré dans l'alcool. Riche de révélations brutes et raffinées, Le Pavillon Dolores ouvre des brèches de lyrisme dans des blocs de plomb. Cela fuse soudain, et c'est merveilleux, dans le noir.