La France plonge dans le spleen. L’Hexagone s’enkyste, les citoyens s’inquiètent, le discours politique bégaie. De partout, le coupable est montré du doigt ; on crie haro sur l’État, source de tous les maux, objet de toutes les revendications. L’anti-étatisme primaire triomphe.
Et si c’était l’inverse ? Si, prisonnier des corporatismes, miné par la bureaucratie, ligoté par l’Europe, rogné par la décentralisation, l’État dépérissait sous nos yeux ? Telle est l’idée force de José Frèches et Denis Jeambar. Tatillon là où il est inutile, l’État est absent là où il est indispensable. Oublieux de ses droits et de ses devoirs, l’État protecteur, l’État solidaire, l’État impartial fait défaut dans l’éducation, la justice, la police, la fonction publique. Alors, devant la grève de l’arbitre, le chacun-pour-soi triomphe de la solidarité. La France se tribalise. A la jungle des lois succède la loi de la jungle.
Ce livre est un cri, un manifeste, un instrument de combat. Il appelle au sursaut, à la résurrection de l’État. Écrit avec la fougue de l’urgence, car il ya urgence. Si la crise est dans nos têtes, elle est aussi à la tête. C’est de là que doit venir la réforme. C’est par là qu’il faut commencer.
Puisque le poisson pourrit par la tête.