Depuis plusieurs décennies, la France soutient activement les emplois de services à la personne. Aujourd’hui, le secteur compte 1,2 million de salariés, représentant plus de 5 % de l’emploi total. Malgré ce succès apparent, cette stratégie n’est ni efficace ni juste. Elle crée un faible nombre d’emplois en comparaison de leur coût public. Précaires et mal rémunérés, ces emplois « bas de gamme » contribuent à la polarisation de notre société, ainsi qu’à l’augmentation des inégalités ethniques et de genre. En outre, l’État subventionne des services de confort pour les plus aisés, au détriment des services publics ouverts à tous. C’est ainsi qu’on en revient à une société de domestiques, comme au xixe siècle, avec de « nouveaux pauvres » au service de « nouveaux riches ». Heureusement, plusieurs pistes existent pour sortir de ce contre-modèle.
Ce projet a bénéficié du soutien apporté par l’ANR et l’État au titre du programme d’Investissements d’avenir dans le cadre du labex LIEPP (ANR11LABX0091, ANR 11 IDEX000502).
Clément Carbonnier est maître de conférences en économie à l’université de Cergy-Pontoise (THEMA). Nathalie Morel est assistant professor en sciences politiques à Sciences Po (CEE, LIEPP). Ils animent tous deux l’axe socio-fiscal du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP) à Sciences Po.