Si Maître Eckhart est aujourd’hui l’un des auteurs les plus connus du Moyen Âge, c’est sans aucun doute grâce à ses Sermons allemands dont la profondeur spirituelle et la beauté littéraire n’ont jamais cessé de captiver ses auditeurs, puis ses lecteurs. Écrits vraisemblablement à Erfurt dans les années 1303-1311, alors qu’il est prieur de la province dominicaine de Saxe, les Sermons 87à 105 s’interrogent en particulier sur le rôle de l’intellect dans la connaissance de Dieu : ne faut-il pas admettre que celle-ci dépasse les facultés de l’âme ? Pourtant, la lumière du Christ ressuscité vient éclairer les ténèbres de l’homme. Comment l’âme doit-elle alors se disposer intérieurement pour accueillir la Parole de Dieu ? Eckhart envisage cette question de la connaissance à travers l’expérience du détachement, montrant « la grande noblesse que Dieu a déposée dans l’âme » ( Sermon 101 ). C’est en effet dans le silence de l’âme que prend naissance le Verbe éternel, pour la plus grande béatitude de l’homme.
Ce nouveau volume réunit pour la première fois en français un ensemble de sermons dont dix (91à 100) sont totalement inédits, et nous offre un précieux témoignage sur l’âge d’or de la spiritualité dominicaine à la fin du Moyen Âge, dont Eckhart fut incontestablement l’une des plus grandes figures.
Éric Mangin est philosophe et théologien. De Maître Eckhart, il a déjà traduit et présenté le Commentaire du Notre Père (Arfuyen, 2005) et les Sermons parisiens (Seuil, 2009). Il est également l’auteur de Maître Eckhart ou la profondeur de l’intime (Seuil, 2012).