Dans la France d’entre XVIe et XVIIIe siècle, les normes et les pratiques culturelles changent en profondeur. L’œuvre de christianisation des pensées et des conduites, la diffusion de nouvelles règles de comportement, d’abord élaborées à la Cour, puis imposées à l’entière société, le déplacement des frontières et contrastes culturels transforment les manières de vivre et de mourir, les façons d’être en société. L’imprimé, en toutes ses formes, tient une place centrale dans cette mutation, parce qu’il propose à des lecteurs plus nombreux des modèles inédits, parce qu’il s’inscrit au cœur de rituels et d’apprentissages qui longtemps n’étaient que gestes et paroles, parce qu’il permet des usages multiples et des appropriations plurielles. C’est son rôle que ce livre examine, en portant attention à certains genres essentiels (les traités de civilité, les préparations à la mort, les livres des Bibliothèques bleues) et en tentant de nouer deux histoires : celle des manières de lire et celle des objets lus.
Roger Chartier, né à Lyon en 1945, est directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et professeur au Collège de France. Historien de l’éducation, du livre, de la lecture, il consacre ses recherches aux pratiques culturelles dans les sociétés de l’Ancien Régime.