Petit garçon juif miséreux lâché seul dans les rues de Vienne, où il est né en 1894, Jonas Sternberg y cultive spontanément une sur-acuité visuelle afin de tromper sa douleur et sa honte. Bientôt immigré aux États-Unis avec ses parents, il est conduit par une série de hasards à s’impliquer dans l’industrie tout juste naissante du cinéma, jusqu’à s’affirmer, sous le nom de Josef von Sternberg, comme un très grand maître de l’art du muet alors à son apogée.
Appelé à Berlin en 1929 pour y tourner le premier film parlant d’Emil Jannings, il remarque sur scène une obscure actrice, Marlene Dietrich. Avec L’Ange bleu, il fait d’elle une étoile majeure, dont il perfectionne ensuite l’éclat au cours de six classiques hollywoodiens. Il achève sa carrière de cinéaste en 1953, avec un ultime chef-d’œuvre filmé au Japon : The Saga of Anatahan. Il meurt en 1969 à Los Angeles, la singularité de son génie étant dès lors reconnue, tout particulièrement en France.
Réputé pour ses traductions et ses adaptations de Henry James, JEAN PAVANS a récemment traduit des œuvres de Percy Bysshe Shelley, Lord Byron, Ralph Waldo Emerson, Walt Whitman, Algernon Charles Swinburne. Les Démons et les Rêves de Josef von Sternberg est son troisième essai publié par le Seuil, après Le Scénario Baudelaire (2020) et Le Musée intérieur de Henry James (2016). Dans le même domaine de critique littéraire et artistique, il a fait paraître Proust, Vermeer, Rembrandt (Arléa, 2018) et Le Christ selon Berlioz (Bayard, 2018).