Chaque jour en France, 2000 personnes sont victimes d'un accident du travail nécessitant une interruption d'activité. Le coût global cumulé des accidents et des maladies professionnels s'élève à 3% de la richesse nationale, soit l'équivalent théorique de plus de dix jours fériés supplémentaires... Contrairement à une idée reçue, cette dégradation des conditions de travail ne s'explique que partiellement par une pression psychologique accrue (les pathologies physiques progressent en réalité plus vite que les pathologies psychiques). Elle est bien davantage le fruit du nouveau productivisme qui a présidé, depuis une vingtaine d'années, à la réorganisation des entreprises et à la désorganisation du travail. Philippe Askenazy démontre que, loin d'être une « fatalité économique », cette situation constitue plutôt une aberration économique. Les moyens de la résoudre sans « grand soir » ni perte de performance ne sont pas fiers de portée. Mais, en Europe et singulièrement en France, c'est l'inertie qui domine.