Quelle famille fascinante que la famille Mann ! Combien, parmi ses membres, d’hommes et de femmes tentés, avec des fortunes diverses, par l’écriture ou la scène ! Et combien de destins s’entrelaçant autour de celui de Thomas, son représentant le plus illustre, que ses enfants surnommaient « le magicien » ! Magicien du verbe, il le fut assurément. Mais le mot dit bien toute l’aura de mystère qui entourait cet homme inaccessible et intimidant. Certains, comme son frère Heinrich ou son fils Klaus, furent le jouet de ses enchantements funestes. Avaient-ils voulu devenir à leur tour des magiciens ? Partant du suicide de Klaus en 1949 à Cannes, Marianne Krüll reconstruit l’histoire complexe d’une famille hors du commun. Malédictions, refoulements, désirs incestueux ou homosexuels, pulsions suicidaires semblent se transmettre d’une génération à l’autre et finissent par produire l’impression d’une implacable cohérence de ces destins. Grâce à la multiplicité des approches – sociologique, psychanalytique, historique – comme des sources consultées – correspondances, carnets intimes, œuvres littéraires –, Marianne Krüll parvient à mettre au jour la structure et les nombreuses facettes d’une histoire familiale où la littérature et la vie n’ont cessé de s’imbriquer.