Cette thèse pourrait avoir pour titre : Journal d’une génération, celle des jeunes hommes en révolte qui avaient 25 ans en 1930 : Robert Aron, Robert Brasillach, Daniel-Rops, Jean de Fabrègues, Georges Izard, Jean Lacroix, Philippe Lamour, Alexandre Marc, Thierry Maulnier, Emmanuel Mounier, Denis de Rougemont, Pierre-Henri Simon, etc. Bien que d’origines idéologiques et politiques diverses, on les voit alors, par solidarité de génération, collaborer aux mêmes revues plus ou moins éphémères, parler le même langage et partager le même rêve de renouvellement de la pensée politique française.
À travers les textes d’Esprit, de l’Ordre nouveau, de Plans et des revues de la Jeune Droite, c’est cette effervescence idéologique que cet ouvrage révèle en montrant combien les années 1930-1934 constituent un moment important de l’histoire des idées du vingtième siècle. Aujourd’hui encore, de nombreux thèmes devenus presque des lieux communs trouvent leur origine dans cet esprit de 1930. Suscité par le sentiment que les clés héritées du dix-neuvième siècle ne permettaient plus d’ouvrir les portes du « siècle de fer » qui commençait, l’effort de réflexion de ces groupes conserve un intérêt qui n’est pas seulement historique.
Cet essai montre qu’en diagnostiquant, lors de ces « années tournantes », l’amorce d’une crise de civilisation et en recherchant dans le personnalisme les principes d’un ordre nouveau, les non-conformistes des années 30 ont posé certains des problèmes fondamentaux que l’on croit découvrir aujourd’hui.
Professeur de Science politique à l'Université des sciences sociales et à l'Institut d'études politiques de Toulouse.