En 1981, Maurice Papon, ancien préfet de police de Paris, ancien ministre de la Ve République, est l’objet d’une plainte pour crimes contre l’humanité. Sabatier, Leguay inculpé, qui aura à répondre de son rôle dans la déportation de familles juives.
En juin 1942, Maurice Papon est nommé secrétaire général de la préfecture de la Gironde. Ce jeune fonctionnaire ambitieux a connu une promotion constante depuis l’arrivée au pouvoir du maréchal Pétain. Aussitôt à l’œuvre à Bordeaux, il concentre rapidement l’essentiel des pouvoirs administratifs et policiers entre ses mains.
Ayant sous ses ordres directs le Service des questions juives, le tout-puissant secrétaire général joue, dès juin 1942, un rôle déterminant dans la déportation de familles juives de Bordeaux. Maurice Papon organise les rafles et les convois qui mèneront près de 2 000 juifs, dont de nombreux enfants, a Drancy, étape vers une « destination inconnue ».
A partir de l’automne 43, il opère une subtile prise de distance avec un régime en perdition et prépare dès lors sa reconversion.
Jamais la carrière de Maurice Papon sous l’Occupation n’avait été ainsi minutieusement reconstituée. D’une grande richesse documentaire, ce récit précise inexorablement le rôle exact du grand commis de l’État vichyste. A travers l’exemplarité du cas Papon, l’auteur éclaire la responsabilité spécifique des hauts fonctionnaires français qui, sous la bannière d’une pseudo-souveraineté et par myopie ou carriérisme, ont mis l’administration française, instrument redoutable, au service des nazis.