Il est minuit passé lorsque, de garde à l’hôpital d’État de Baltimore, le Docteur Snow, an ancien alcoolo, examine Peter Carver, un homosexuel noir en plein délire. Schizophrénie ? Toxo-psychose ? Épisode maniaco-dépressif ? Démence du sidéen en phase terminale ? Snow s’inquiète : le registre des admissions montre une forte augmentation du nombre de séropositifs atteints de folie. Faut-il conclure à une mutation du virus HIV qui déclencherait la folie AVANT le démarrage du sida ? L’hypothèse est énorme, mais logique. Alertés, ses collègues lui rient au nez ou le menacent. Et, quelques jours plus tard, Snow se fait agresser par un inconnu qui lui ordonne de laisser tomber.
Blessé dans sa chair et dans son honneur (même Jennifer, son amante, ne le croit pas), Snow s’apprête à renoncer lorsqu’il découvre que ses patients sont tous passés par le dispensaire Osler, établissement privé où échouent les sidéens sans couverture médicale. La piste est claire mais dangereuse, et ce sera de l’intérieur même de cette folie bizarre dont sont atteints ses malades qu’il devra mener son enquête à bonne fin.
Après La Villa des ombres (publié dans cette collection), l’écrivain canadien David Laing Dawson ose dire, et très durement, la monstrueuse cupidité d’une société qui s’accommode du sida, quand elle ne cherche pas à en profiter.