Dans toutes les mobilisations sociales de la période récente, l’implication des femmes est forte et, pourtant, à chaque fois, elle surprend. Leur présence est interprétée comme le signe d’une contestation exceptionnelle. En réalité, ce qui mérite l’étonnement, c’est qu’on oublie leur participation. Car les femmes ont toujours pris la parole et la rue, avec des modalités d’action singulières.
De la figure de la « ménagère » des Trente Glorieuses, à celle des « Rosies » dans les récentes manifestations contre la réforme des retraites, Fanny Gallot revisite le passé des luttes sociales depuis 1945. Elle montre comment les modalités d’action et les revendications ont pu évoluer au fil des décennies, sous l’influence des mouvements féministes et de l’écho qu’ils ont rencontré auprès des organisations syndicales.
La question du « travail reproductif » est au cœur de ces luttes. Que l’on dénonce sa « déqualification » lorsqu’il est exercé dans le domaine professionnel ou son « invisibilisation » quand il désigne les tâches domestiques accomplies quotidiennement, il est au centre des débats, des revendications et des actions. En tenir compte, tenter d’en discerner les contours est un puissant levier d’action pour les luttes passées, présentes et à venir.
Fanny Gallot est historienne, spécialiste des mouvements sociaux, du syndicalisme et des féminismes, membre du Centre de recherche en histoire européenne comparée (CRHEC). Elle a notamment publié En découdre. Comment les ouvrières ont révolutionné le travail et la société (La Découverte, 2015).
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SOMMAIRE
Introduction
Première partie : Comment s’organiser ? Les femmes des classes populaires au cœur de la « modernisation » (1945-1967)
Chapitre 1. Au foyer : de la maternité sociale à la modernité domestique ?Chapitre 2. Dans les campagnes : l’émergence d’un nouveau modèle d’agricultriceChapitre 3. Renouvellement et élargissement de l’action syndicaleChapitre 4. Redistribuer le travail reproductif ?Chapitre 5. « Nous sommes des travailleurs à part entière »Chapitre 6. Les mobilisations des années 1968 travaillées par les féminismesTroisième partie : De nouveaux moyens d’action (des années 1980 aux années 2000)
Chapitre 7. Représenter les femmes dans les organisations syndicales professionnellesChapitre 8. Lutter localement en tant que femmes et mèresChapitre 9. S’auto-organiser pour gagner une reconnaissance professionnelleChapitre 10. Résister aux politiques néolibérales et proposer des alternativesQuatrième partie : Une nouvelle visibilité dans les luttes des années 2010
Chapitre 11. En grève : contestations renouvelées contre la déqualificationChapitre 12. Mobilisations pour la justice socialeChapitre 13. Combattre les violences sexistes et sexuelles dans les organisations syndicalesConclusion : Désandrocentrer la contestation ?
Annexes
Remerciements