Qui peut croire que le menu traditionnel d’une brasserie (lapin en gibelotte, tripes, gratin dauphinois, etc.) remonte à la Renaissance, où il constituait alors le quotidien des pauvres ? Ce que l’on considère comme la bonne cuisine bourgeoise est en réalité, à ses origines, la cuisine du pauvre. Les goûts changent : de populaires, certains plats deviennent raffinés, tandis que d’autres disparaissent des cartes et des cuisines. D’autres encore, telle la poule au pot, entrent dans la légende.
Madeleine Ferrières propose ici, à partir de sources culinaires inédites, une généalogie des racines de la cuisine française. Elle restitue une culture de table pour partie oubliée et bien souvent négligée. De recette en recette, on suit ainsi les évolutions de la table du pauvre, bien plus riche et plus festive qu’on l’imagine trop souvent. Plus qu’une simple histoire des habitudes alimentaires, c’est une analyse — toute de saveurs et d’odeurs — de notre cuisine nationale qui est menée. Une invitation à repenser et revisiter notre patrimoine culinaire.
Madeleine Ferrières
Spécialiste de l’histoire de l’alimentation (elle est l’auteur de l’Histoire des peurs alimentaires, Seuil, 2001 et Points Histoire 2006), traduit en anglais et en italien. Elle est professeur d’histoire moderne et chercheur à la Maison Méditerranéenne des sciences de l’Homme, à Aix-en-Provence.