Oona. Un jour, dans un port, sur un quai, une fille s'immobilise dans la position classique de l'automate. A ses pieds, une pancarte invite les passants à la manipuler selon leur envie et les assure de sa parfaite docilité. D'abord timoré, le public s'enhardit, débonnaire ou pervers. Peu à peu, il désarticule, il enchevêtre. Le regard fixe, comme en apesanteur, la marionnette humaine résiste au hasard des humeurs.
A vingt ans, sans attaches avec les siens et perdue dans sa génération, Oona n'existe vraiment que lors de ses rencontres avec la rue. Par besoin d'une maigre recette ? Pour s'incarner enfin dans le regard des autres ? Sans négliger son propre plaisir, ne cherche-t-elle pas plutôt à satisfaire une exigence plus ambiguë ?
Elle-même n'en sait rien. Jusqu'à ce qu'elle devienne, et justement ce jour-là, l'unique désir d'un unique spectateur.