A la poésie, il nous faut toujours revenir pour faire cesser le bruit que font l’illusion et le désespoir, pour être dans l’essentiel sans tapage, pour rester voisin de l’enfance en ce qu’elle peut avoir de troublant, de vrai et de juste, pour parler avec la mère, même si la mienne ne sait ni lire ni écrire, être avec elle, l’écouter et écrire.
Pourquoi rassembler en un seul volume tout ce que j’ai écrit en poésie depuis 1966 ? Peut-être pour faire un bilan et savoir si je peux encore, comme dit Aimé Césaire, « m’installer au cœur du vivant de moi-même et du monde ». Parce que mes premiers textes sont des poèmes, dictés par la colère, par le besoin de réagir contre le mensonge et la trahison.
Tahar Ben Jelloun