L’enfant a peur de s’endormir. Se glisser dans le sommeil, c’est faire confiance au noir, abandonner son corps à un espace secret qui échappe au contrôle social et à toute maîtrise.
Pays de l’enfance, le temps du sommeil appartient à la chaleur du corps, à l’amour, à ses plaisirs, ses attentes et ses illusions. C’est du sommeil que le rêve tire son autorité, son « air indiscutable ». Le sommeil est la face cachée du rêve et son gardien. Mais comment faire pour rêver quand on a perdu le sommeil ? En son absence, la folie entre en scène. Réveiller quelqu’un c’est l’arracher à un embrassement divin. Étrange et familier, le sommeil se joue du temps. Mystère de la raison, il est sommeil profond ou cauchemar.
Du sommeil d’Ulysse à l’éveil de Zarathoustra, Jacqueline Risset arpente la littérature, où l’on retrouve Dante, Honoré d’Urfé, Proust, Kafka, Pessoa, Bataille, Beckett… sans oublier le fidèle compagnon de la nuit, ce chat sur un coin d’oreiller.
Récits d’enfance, souvenirs intimes, amours d’adolescence, sommeil conjugal, exaltations ou déceptions érotiques, méditations sur le sommeil, figure vivante et petite sœur jumelle de la mort, Jacqueline Risset allie légèreté, drôlerie et profondeur dans ce livre qui traverse les ombres de la nuit.