A l’attention d’une femme qu’elle a secourue dans la rue, une copiste de partitions musicales entreprend la rédaction d’une sorte de journal dévoilant ses passions les plus secrètes. Contrairement aux apparences, ce n’est pas la compassion qui l’a poussée à aider cette inconnue » légèrement blessée, mais son goût obsessionnel pour le sang. Loin d’être une bonne fée, elle s’identifie en effet à une renarde, figure mythique de la sorcellerie au Japon.
Au fil du récit, le lecteur pénètre un univers malsain, où la frontière entre les fantasmes criminels de l’héroïne, qui a fait la liste des personnes « dont la mort ne dérangeait pas », et sa capacité d’agir se brouille. Insidieusement, elle compose une mélodie inquiétante, empreinte d’un érotisme morbide. Son monologue intérieur, murmure sourd et oppressant, laisse une impression diffuse de malaise qui vient rythmer un étrange fétichisme. Comme on pince les cordes d’un shamisen, elle force le regard à s’attarder sur ce qui répugne : ces traces brutes de sauvagerie qu’elle fait surgir du quotidien.
Sans laisser de pépit à l’angoisse, l’auteur nous entraîne dans les affres d’une obscure jouissance, où la nature humaine n’est plus qu’un insoutenable grincement.