Les monuments historiographiques peuvent-ils transmettre autre chose qu’un patrimoine à célébrer ? Le Grand-Siècle et ses solennelles majuscules sont un terrain idéal pour poser cette question. Ce livre cherche des présences vivantes du passé en s’intéressant de préférence aux lézardes sur la façade du monument. Il le fait à partir du « journal » de Marie Du Bois, valet de chambre de Louis XIV, et de divers écrits d’historiens consacrés au XVIIe siècle.
Il procède d’abord à une inversion de places : le témoin direct de son temps est traité en historien, alors que les écrits des historiens sont considérés comme des témoignages sur l’action de rendre le passé présent. Dans les deux cas, l’entrelacement du passé et de l’écriture qui le restitue est saisi comme l’événement d’une rencontre. Une telle rencontre advient dans des « lieux » historiques qui constituent les différents chapitres du livre : la vision, la commémoration, l’enfance, l’envers et l’endroit, l’action d’entrer, de construire des espaces, de poser des frontières et de les subvertir.
Historien, Christian Jouhaud est directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Il a notamment publié Mazarinades. La Fronde des mots (1985), La Main de Richelieu ou le Pouvoir cardinal (1991), Les Pouvoirs de la littérature. Histoire d’un paradoxe (2000).