Cet ouvrage vient couronner une œuvre majeure mais principalement constituée d’articles fondamentaux (parmi les plus cités dans la littérature académique). C’est le premier et le seul livre de l’auteur qui s’attache à formuler les principes et le cadre analytique d’une sociologie économique. Mais c’est plus que cela en réalité, car la façon dont procède Granovetter ne consiste pas à installer une discipline nouvelle concurrente des autres et notamment de la science économique. Il s’agit de montrer qu’aucune activité économique ne peut être comprise sans tenir compte des normes, des conventions, de la confiance, du pouvoir et des institutions sociales, et donc que l’on comprend mieux l’économie et la société en dépassant les frontières entre les disciplines. En combinant méthodes et résultats de la sociologie, l’économie, la psychologie et l’histoire, l’auteur propose un modèle interactionniste qui dépasse les clivages élémentaires (agent/système, individualisme/holisme) et il décrit les dynamiques complexes qui articulent constructions mentales et sociales, stratégies individuelles et évolution institutionnelle. En plus d’un livre de référence attendu, voilà une invitation stimulante et bienvenue à ouvrir les portes et les cerveaux dans toutes les disciplines qui traitent de questions économiques.
Mark Granovetter (né en 1943) est professeur de sociologie à l’université de Stanford. Il est considéré comme l’un des principaux fondateurs de la nouvelle sociologie économique qui, depuis les années 1980, renouvelle la critique sociologique de la science économique et tend à réintégrer les comportements économiques dans leur cadre social historique, symbolique et institutionnel.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Christian Clerc.