Peut-on enseigner la vertu (Protagoras) ? Ou bien son apprentissage n’est-il rien d’autre que l’écoute patiente du savoir scientifique et la soumission à la vérité qui s’y dévoile (Socrate) ? L’efficacité scientifique a imposé la recherche critique de la vérité comme critère ultime en matière de formation, avec l’espoir d’une rencontre harmonieuse entre vérité, liberté individuelle et justice sociale. Mais la subtilité des problèmes d’éthique et de société que posent les sciences et les techniques sans donner les moyens de les résoudre fait éclater l’idéal socratique. C’est la revanche de Protagoras et de l’opinion, du poétique et de la rhétorique.
Prenant la mesure de ses propres limites, la raison scientifique s’identifie ne peut plus fonder à elle seule un système d’éducation. Associée à la critique philosophique, elle doit partager son pouvoir – sans pourtant s’y dissoudre – avec le pouvoir politique et celui des médias.
La recherche de concepts opérationnels a fait considérer la totalité, la négation et le possible comme de faux concepts, malgré leur rôle déterminant dans le développement des individus. Retrouver le tout, le non, le peut-être, au-delà du dénombrable, de la soustraction et du potentiel qui les ont remplacés, implique une relation nouvelle à la vérité et à la croyance, une recherche pragmatique du souverain Bien.