Le secret de l'instruction, pourtant inscrit dans la loi, est mort. Les journaux publient ce qui s'est passé la veille dans le cabinet du juge. La justice travaille sous les feux de la rampe. Tout le monde déplore cette situation de non-droit, chacun y trouve son compte. Magistrats, avocats, politiciens, gendarmes, prévenus utilisent à leur profit la médiatisation de la justice. Entre la liberté d'informer et la liberté individuelle qui inclut la présomption d'innocence, on navigue à vue.
Les journalistes, en particulier, s'engouffrent dans la brèche. Accusés de connivence avec les élites, ils ont besoin de reconquérir leur légitimité. Le terrain des affaires leur permet de faire la preuve de leur indépendance : révéler le dessous des cartes, lutter contre la corruption, exiger la transparence permettent au journalisme de retrouver ses lettres de noblesse. Même au mépris du droit.
Les auteurs ont entrepris une longue enquête, interrogeant plus de cent personnes : policiers, avocats, journalistes, magistrats. Leur conclusion est brutale : tant que le courage manque aux politiques pour réformer la magistrature et la procédure pénale, chacun continue à recourir à une stratégie médiatique sauvage.