À travers la figure trop méconnue de Ferdinand Buisson (1841-1932), principal artisan de la laïcité française, cet essai restitue « la religion laïque » dans sa cohérence doctrinale, à la fois philosophique, morale, politique et pédagogique. On comprend mieux dès lors comment Ferdinand Buisson, prix Nobel de la Paix en 1927, a pu concilier l’engagement du socialiste, anticlérical résolu, avec l’affirmation suivante : « la religion de Jésus est la religion de chaque citoyen républicain ».
Disciple d’Edgar Quinet, héritier d’une puissante tradition révolutionnaire, Ferdinand Buisson a cherché le moyen de contrecarrer l’alliance de la contre-révolution et de l’Église catholique afin d’établir la République démocratique et sociale dans la durée. Vincent Peillon souligne combien la laïcité, faite religion nouvelle, joue un rôle philosophique et politique. L’école et les « hussards noirs » y ont eu pour mission de faire de chaque élève un Christ républicain, de la raison une émotion, une passion et même une mystique.
En montrant que la laïcité fut d’abord la formulation d’un théologico-politique spécifiquement républicain, Vincent Peillon ouvre de nouveaux horizons de recherche et d’interrogation pour la philosophie politique contemporaine.
Philosophe et homme politique, Vincent Peillon est notamment l’auteur de livres sur Merleau-Ponty (1994, 2004, 2008), Jean Jaurès (2000) et Pierre Leroux (2003). Il a publié au Seuil La Révolution française n’est pas terminée (2008).