Dans un monde où «tout a changé, tout change et changera», essayons d'abord de comprendre. Pour ne pas subir le changement, prenons-y notre place. Affrontant les alternatives que nous offre la modernité, cessons de nous référer aux droits acquis ou de considérer les ruptures comme les seuls progrès possibles. Méfions nous en revanche des réformettes qui nous font piétiner au lieu de nous changer.
La réalité aujourd'hui est celle d'un grave malentendu. Forte de ses capacités, l’économie libérale impose son pouvoir, elle entraîne la science et la technique vers des horizons incertains. Médusée, la société succombe et s’irrite. La politique quant à elle, négligeant ses devoirs, cessant d’être la médiatrice et avouant parfois son "impuissance", inspire du même coup méfiance, mépris et révolte. Certes la révolte est salutaire, mais pas à n'importe quel prix. L'auteur de ces pages se définit volontiers comme un "révolté non révolutionnaire".
Pour construire demain, il s'agit de prêter plus d’attention au Bien Commun qu’aux jeux politiciens, de restaurer le vrai sens du Politique qui s'inscrit dans la durée. En pratiquant «sportivement» le débat et l’alternance, en associant Nation et Société, nous ferons que la démocratie devienne — ou redevienne — civilisation dans un monde qui tend à devenir réalité. Il y a urgence.
Grand serviteur de l'État, ministre du Général de Gaulle et de François Mitterrand, Edgard Pisani demeure l'un des grands décideurs et législateurs du dernier demi siècle. Il explique aujourd'hui ce que lui ont enseigné soixante ans de vie publique. Il le fait avec la sagesse de son âge et l'exigence de sa jeunesse.