Peut-être parce que son pays natal, la Hollande, est un écosystème artificiel entièrement façonné de main d’homme, Peter Westbroeck, géologue de formation, a toujours été intimement persuadé que la vie joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de la planète, qu’elle est une « force géologique majeure » dont l’importance a trop longtemps été occultée. Des îles Frisonnes aux lagons de Floride et aux atolls du Pacifique, des gigantesques structures coralliennes aux falaises de calcaire et aux délicats tapis bactériens, il montre que la vie, loin de s’adapter passivement aux conditions ambiantes, n’a cessé depuis son apparition de modeler et de réguler son environnement.
La Terre peut-elle alors, en accord avec la célèbre hypothèse Gaïa proposée par le chercheur britannique James Lovelock, être considérée come un super-organisme ? Hâtivement adoptée par le mouvement New Age, l’idée a mis du temps à s’imposer dans le monde scientifique. Sous le terme moins ésotérique de « géophysiologie », elle suscite aujourd’hui un effort de recherche multidisciplinaire sans précédent visant à comprendre l’impact du vivant sur la formation des roches et la régulation du climat.
Le prélude, sans doute, au mariage si longtemps différé des sciences de la vie et de la Terre.