Zenzela, en arabe, c’est l’ogresse sismique. Elle emporte tout sur son passage, les maisons, les humains et leurs rêves d’exilés..
« …Le Marabout aurait dû intervenir dans cette faille, peut-être pour dire que la vie c’était ça, une ligne blanche qu’on n’osait pas franchir, des mots de merde qu’on ne savait pas déchiffrer, une maison qu’on bâtit et qui s’écroule, un temps passé qui noie, un autre à venir qui ne vient pas, avec nous, présents, au milieu du gué. Hélas, il ne s’est pas prononcé. Ce n’était pas un clairvoyant. Mon père a appelé ma sœur à la rescousse, pensant dresser un pont-levis contre la nouvelle qui tentait une pénétration en force. Peine perdue, elle était déjà bel et bien enregistrée dans le disque dur. Ma sœur a éclaté en sanglots. Mon père s’est contenu. Il a regardé en direction de Yemma, toujours au balcon à pétrir son pain de la maison, et il a conclu :
" - Ne dites rien à votre mère, je vous en prie, mes enfants. "
Nous dirions que ce télégramme ne nous est jamais parvenu…
[…] Va, Farid, va ! Cours vite. J’allais juste effacer le disque dur, oublier, si je trouvais le courage, et ouvrir un nouveau fichier de vie. »
A.B.
Farid Belgacem, fils de fellah immigré, nous entraîne dans un éclat de rire au-delà des cataclysmes, des peurs, des déceptions amoureuses.