Comment rendre compte de l’adhésion au nazisme des dizaines de millions de femmes et d’hommes « ordinaires », allemand·es et autrichien·nes, qui lui ont apporté leur soutien des années durant ?
La quête d’épanouissement personnel encouragée par le régime, qu’il s’agisse d’aventures érotiques, des liens affectifs de l’entre-soi forgés dans les organisations nazies ou de la vie conjugale, a contribué à la cohésion interne de la société nazie. C’est l’une des hypothèses fortes de ce livre d’une grande originalité.
Car la sexualité, l’intime et la politisation des désirs ont été au cœur de l’entreprise nazie. C’est ce que montre Elissa Mailänder, en s’appuyant notamment sur l’analyse d’une masse d’archives (dont certaines privées) relatives à la sexualité, aux amitiés, à la vie amoureuse et conjugale des individus de la société majoritaire nazie – « aryens » et hétérosexuels.
Ainsi se dévoile au ras du sol, à l’échelle locale et privée, la construction d’une communauté raciste, hautement politisée, ségrégationniste et violente.
Historienne du nazisme, Elissa Mailänder est professeure à Sciences Po Paris et directrice adjointe du Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’Allemagne (CIERA). Ses recherches portent sur la vie quotidienne (Alltagsgeschichte), l’histoire du genre et des sexualités, l’histoire de la violence, l’histoire des masculinités et l’histoire anthropologique de la photographie.
« Un aspect méconnu du nazisme Dans le projet totalitaire il y a la volonté de ne rien laisser de côté de ce qui peut concerner l'individu et son intimité. On sait ainsi que sous Mao les positions se... » Lire plus