Le métro s'arrête : colis abandonné. Pour la narratrice, une vietnamienne qui vit à Belleville, le temps s'arrête aussi. Son fils s'endort sur son épaule tandis que commence un long monologue intérieur qui ne s'interromp qu'au départ de la rame, à la dernière ligne du livre. De la vie étriquée de Hanoï postcommuniste à la banlieue parisienne où elle enseigne l’anglais, en passant par une longue période d’études à Léningrad, sous la période Gorbatchev, elle tente de comprendre ce qu’elle a subi plus que vécu - sa passion pour Thuy, un Chinois de Hanoï qu’elle n’a pas revu depuis onze ans et qui vit à Cholon, le chinatown de Saigon. Si l’écriture – le lecteur découvre en même temps des extraits de son roman intitulé I’m yellow, traversé par un train mystérieux, écho du métro – lui permet aujourd’hui de vivre l’éloignement, l’enfant qu’elle a eu de Thuy lui sert de lien entre le passé et l’avenir.
Les mots, les chiffres qu’elle martelle sont autant de tentatives désespérées, dans l'autodérision et l'humour, pour fixer ce monologue qui lui échappe, pour exorciser cette passion qui la hante.
Après des études à Moscou, Thuân s’est installée à Paris qu’elle quitte parfois pour Hanoi, New York, Berlin. Chinatown est son deuxième roman. Elle vient de recevoir le prix de l’Union des écrivains, la plus haute distinction de la littérature vietnamienne.
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