Entre 1942 et 1956, Miklós Szentkuthy n’écrit aucun roman, fût-ce – selon la formule de l’époque – « pour le tiroir ». Quatorze ans de presque silence. Il découvre alors par hasard le huitième tome de L’Histoire de France de Michelet. Alerté par quelques passages relatifs à l’excommunication de liège au XVe siècle, le géant hongrois s’y attarde, annotant, parcourant, revisitant. De cette mosaïque infinie de notules naissent les quatre-vingts « très riches heureuses » de la Chronique burgonde.
Où l’on retrouve – mais comme en mineur, sur le mode ébloui et minutieux de la miniature – le ton particulier des variations Szentkuthy. En alerte spirituelle. En quête d’une note toujours plus juste – fût-elle folle. Cherchant, comme il l’indiquait lui-même, le « classicisme spontané de désespoir ».