L'expérience du combat a suscité de nombreux témoignages, mais peu de réflexions approfondies dans le champ des sciences humaines et sociales. Comme si la guerre « au ras du sol » était un objet pour eux interdit, rares sont les anthropologues et les historiens à s'y être intéressés, y compris parmi ceux qui portèrent les armes et connurent le feu des batailles (Marcel Mauss, Marc Bloch, Norbert Elias, Edward Evans-Pritchard, Edmund Leach, pour ne citer que les plus célèbres).
C'est à partir d'une enquête sur cet étrange silence que Stéphane Audoin-Rouzeau tente de poser les jalons d'une anthropologie historique de la guerre moderne, depuis le début du XIXe siècle jusqu'à l'aube du XXIe. Penser la violence de guerre au plus près du combattant, la placer au centre de l'inverstigation, c'est non seuolement s'efforcer de combler une lacune, mais accepter de la regarder en face, dans ses moindres détails, et s'interroger à nouveaux frais sur la nature profonde de nos sociétés.
Entretien avec l'auteur, sur laviedesidees.fr
Stéphane Audoin-Rouzeau est historien, directeur d'études à l'EHESS, vice-président du Centre de recherches de l'Historial de la Grande Guerre (Péronne-Somme). Il a consacré la plupart de ses travaux à la Grande Guerre. Parmi les plus récents : 14-18. Retrouver la Guerre (avec Annette Becker), Gallimard, 2000 ; Cinq deuils de guerre, 1914-1918, Noesis, 2001 ; La Guerre des enfants, 1914-1918, Armand Colin, 2004 (réédition) ; Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918, (avec Jean-Jacques Becker), Bayard, 2004 ; L a Guerre au XXe siècle. L'expérience combattante, Documentation photographique, 2004.