La création d’un État binational où Israéliens et Palestiniens seraient citoyens du même État a jadis été l’aspiration de nombreux intellectuels juifs critiques, de gauche comme de droite. Les prises de position en faveur du binationalisme, d’Ahad Haam dès la fin du xıxe siècle à Léon Magnes en passant par Hannah Arendt et beaucoup d’autres, pour qui le désir de créer un État juif exclusif sur une terre peuplée en majorité par des Arabes entraînerait un conflit violent et insoluble, se sont révélées tout à fait exactes. Avec l’arrivée aux affaires de l’extrême droite en Israël, les massacres perpétrés par le Hamas et les bombardements de la bande de Gaza, la question d’un État binational est devenue une urgence pour toute la région. Lui tourner le dos n’y changera rien.
Le binationalisme ne relève pas seulement du vœu pieux, mais aussi de la réalité présente : 7,5 millions d’Israéliens-juifs dominent, par une politique d’expulsion, de déplacement, de répression et d’enfermement, un peuple palestinien-arabe de 7,5 millions de personnes, dont une grande partie est privée de droits civiques et des libertés politiques élémentaires. Il est évident qu’une telle situation ne pourra pas durer éternellement.
Shlomo Sand est un historien israélien, professeur émérite à l'université de Tel-Aviv, et auteur de nombreux livres, dont certains ont suscité de vifs débats (Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, 2008). Son dernier ouvrage au Seuil, Une race imaginaire. Courte histoire de la judéophobie, a été publié en 2020.
Traduit de l’hébreu par Michel Bilis
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SOMMAIRE
Avant propos
1. « Terre des ancêtres » ou terre des indigènes
Le foyer ancestralÀ propos de la nationEthnocentrismeBinationalisme ?2. « Un esclave qui vient à régner » : une question cachée
L’amant d’autres ?Centre spirituel ?Ignorer l’autre3. Alliance pour la Paix contre « Muraille d’acier »
Les débuts de l’AllianceLa fraction « extrémiste »Hans Kohn et la fin de l’Alliance4. Martin Buber, Hannah Arendt et le binationalisme
Du Volkisme à Je et TuVers l’idée binationaleHannah Arendt et l’antisémitismeUn État-nation juif ?5. Théopolitique et l’association Ihoud
Un Américain pas tranquilleLe chancelier prophèteL’association IhoudLe dernier des Mohicans6. La gauche et « La fraternité entre les peuples »
Le marxisme sionisteCommunistes en PalestineFin d’une idée7. L’Action sémite et un État arabo-hébraïque
Le contexte « cananéen »Une gauche « sémite »La Charte hébraïque8. 1967 : un pays à partager ou un pays à unifier ?
Trois pétitionsMenahem Begin contre l’apartheidLa détresse du sabra blancFissures à gaucheLa désillusion : suiteLa sensibilité s’aiguise9. « On ne peut pas applaudir d’une seule main »
Curiosité et réconciliationL’idée nationale palestinienneÉtat démocratique unique ?Le paradigme binational10. Conclusion. Apartheid, transfert ou État binational ?
La patrie s’élargitLes nouveaux pionniersHégémonie sur le terrainStychie et catastropheL’option cachéeAlternatives imaginairesUtopies et calamités« Essai très intéressant sur le sionisme et la création de l'Etat d'Israel. L'auteur appuie son argumentation par de nombreux auteurs et philosophes comme Hannah Arendt. Il indique dès le début de son l... » Lire plus