Figures I rassemble dix-huit études et notes critiques écrites entre 1959 et 1965. A travers des sujets aussi divers que Proust et Robbe-Grillet, Borges et L'Astrée, Flaubert et Valéry, le structuralisme moderne et la poétique baroque, mais liées ici par un réseau continu d'implications réciproques, une question, constamment, reste posée : elle porte sur la nature et l'usage de cette étrange parole réservée (tout à la fois offerte et retenue, donnée et refusée) qu'est la littérature. La rhétorique classique, dont l'interrogation n'est pas encore refermée, voyait dans l'emploi des figures, c'est-à-dire d'un langage qui se dédouble pour cerner un espace et marquer sa distance, un des traits spécifiques de la fonction que nous appelons aujourd'hui littéraire. La littérarité de la littérature serait ainsi obscurément liée à cet espace intérieur où se trouble, et par là même se révèle, la littéralité du langage, à ce mince intervalle variable, parfois imperceptible, mais toujours actif, qui se creuse entre une forme et un sens, ouvert à un autre sens qu'il appelle sans le nommer. Mais la littérature tout entière - lettres, lignes, pages, volumes - ne dessine-t-elle pas comme une immense figure, toujours parfaite, jamais achevée, dont le texte immédiat parlerait, interrogativement, pour une signification plus distance - plus que distante - et n'offrant à déchiffrer, comme une trace sur le sol, que l'évidence de son retrait ?
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