Ce récit, écrit en 1933 à la fin de la vie de Lou Andreas-Salomé, n’a jamais été publié dans son intégralité. Il est construit à partir du premier volet, « Frères et sœurs », publié en revue deux ans plus tôt, qu’elle réécrit et fait suivre de deux nouvelles parties inédites, « Un journal de Pentecôte » et « Retour au foyer ». Il s’agit d’un texte important qui éclaire la « vie intime » de l’auteur. Plus libre dans la fiction que dans ses mémoires, elle trahit beaucoup d’elle-même et de son comportement amoureux. La première partie est un récit dont l’intrigue se déroule sur quelques mois ; les seconde et troisième parties sont le Journal de Jutta, écrit plusieurs années après les faits. La narratrice se dédouble : Jutta âgée réagissant aux interrogations et aux sentiments de Jutta adolescente.
Le récit est dominé par un thème récurrent chez Lou Andreas-Salomé : celui de l’origine, de la constitution du sujet dans son identité sexuelle. Le lecteur curieux peut en peut en outre y trouver des éclaircissements pertinents sur la relation entre la pratique psychanalytique – que l’auteur exerce alors depuis vingt ans – et la littérature.
Lou Andreas-Salomé (1861-1937), amie de Nietzsche et de Rilke, thérapeute, écrivain qui a laissé sur chacun d’eux la plus lucide des études, touche au cœur de l’analyse comme de l’écriture.
Stéphane Michaud est professeur de littérature comparée à la Sorbonne. Il a traduit et établi En Russie avec Rilke, 1900 (1992) de Lou Andreas-Salomé et publié la biographie Lou Andreas-Salomé, l’alliée de la vie (2000).
« Freud disait que « « Les poètes et les romanciers sont de précieux alliés [...]. Ils sont, dans la connaissance de l'âme, nos maîtres à tous, hommes vulgaires, car ils s'abreuvent à des sources que no... » Lire plus