« Alors il pensa aux forêts sous la neige et aux premières branches des sapins, si lourdes qu’elles ploient jusqu’au sol. Il se souvint du renard qui dormait au pied d’un sapin, sous l’une de ces branches, à l’abri du froid et de la neige. Il avait les couleurs de son lit d’aiguilles de pin. Il se souvint de l’impression de chaleur qu’il avait ressentie en le voyant, pour lui-même et pour le renard, alors que la température était tombée en dessous de zéro. Il l’avait laissé dormir, le museau posé sur ses pattes de derrière, soufflant des petits nuages d’haleine blanche. En s’en allant il lui avait dit : « Je te laisse parce que tu dors. » Puis il lui avait souhaité que leurs chemins ne se croisent plus jamais. »
Souvenir d’une partie de chasse, d’un renard qui dort. Construire un feu et écouter la voix paisible du vent. Oublier que les hommes ont été ennemis. « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier », écrivait Stig Dagerman.
Hubert Mingarelli, romancier, nouvelliste, est notamment l’auteur de Quatre soldats, prix Médicis 2003, Hommes sans mère, Océan Pacifique. Son œuvre est traduite dans une dizaine de langues.