Au départ, des scènes s’accumulent dans ma tête. Comme un embouteillage. Un tourbillon de colère et de rage. Saturation dans les hôpitaux ou les transports du quotidien, mal-être chez les agent.es et les usager.es des services publics, laisser-faire devant la désindustrialisation, incapacité de l’État à faire face aux nouveaux défis du climat, du quatrième âge, du numérique…
Notre société est malade du nous. Je ne parle pas du prétendu nous de l’extrême droite, identitaire, raciste, sexiste. La crise est celle de la mise en commun. Contre la marchandisation de tout, il faut valoriser le collectif et relancer la dynamique de l’égalité. C’est la condition de la liberté de chacune, chacun. Et le seul moyen de cesser de détruire la planète.
Puisant dans notre histoire, l’esprit public est un fil rouge pour bâtir des réponses nouvelles, comme la Sécurité sociale de l’alimentation, le ticket climat, le service public du réemploi et de la réparation… Il permet d’aller chercher de nouvelles ressources pour satisfaire nos besoins véritables, notamment par la justice fiscale.
Après quarante ans de néolibéralisme qui nous ont conduit dans le mur et face au vent international néofasciste qui souffle, l’esprit public est une clé pour dégager l’issue progressiste. Il peut fédérer les classes populaires des villes et des campagnes, unir les gauches et les écologistes pour, adossé à la mobilisation sociale et citoyenne, transformer nos vies.
Femme politique, militante féministe et écrivaine, Clémentine Autain est députée de Seine-Saint-Denis dans le cadre du Nouveau Front Populaire (NFP). Elle a publié de nombreux ouvrages dont Dites-lui que je l’aime (Grasset, 2019), À gauche en sortant de l’hyper marché (Grasset, 2020) et Les Faussaires de laRépublique (Seuil, 2022).