«C'est tout de même bizarre. Ma fille quitte son mari et c'est moi qui me sens abandonnée, avec l'impression de l'avoir perdu. Leur séparation me déchire le coeur. Que m'arrive-t-il ? Pourquoi leur histoire deviendrait-elle mienne aujourd'hui ? Et ces larmes pour saluer leur rupture, d'où viennent-elles ? De quelle profondeur de puits où dorment les vieux chagrins d'amour ? De quoi ai-je si peur, depuis si longtemps que l'écriture me fuit ou que je lui tourne le dos ? »
Marie Chaix renonçait successivement à tous ses projets, tout en souffrant de cette crise prolongée. Soudain, la rupture dans la vie de sa fille aînée la ramène à l'écriture en la renvoyant à d'autres séparations : son divorce d'avec le père de ses deux filles ou la disparition précoce de ses deux frères. Elle remonte, plus haut encore dans le temps, à ses parents, séparés par huit années de prison à la suite de la condamnation du père collaborateur, auquel elle a consacré Les Lauriers du lac de Constance. Avec une sincérité sans concession Marie Chaix fait le bilan de sa vie de femme et d'écrivain. Le passé de trois générations resurgit dans une mémoire où l'émotion demeure toujours à vif.
« Marie Chaix n'en finit pas d'essayer de regarder son passé depuis 1974 et les lauriers du lac de Constance qui racontait son enfance, la honte, elle l'enfant de la collaboration née en 1942 d'un père ... » Lire plus