Les personnages de ce livre sont animés par une nécessité inquiétante : leur monde imaginaire bascule dans l’action, brouillant toute frontière entre le fantasme et la réalité pratique.
C’est ainsi qu’un morceau de musique perdu dans l’éther constitue le mobile d’un homicide sans assassin ; violer la mort de vient admissible grâce à la persuasion, à la séduction du discours ; dans une nouvelle lancée sur le Réseau, le récit précis et cruel de la lutte corps à corps de deux femmes franchit la fiction en devenant expérimentation directe du Mal ; une nuit napolitaine encanaillée s’enfonce dans la géométrie sans issue d’une machine de sépulture du XVIIIe siècle ; une ancienne forteresse, presque un objet magique, convoque des corps en bataille et une vraie victime à l’époque de la pure virtualité ; enfin, le passage d’une comète transforme l’observation en amour érotique.
Chacun des personnages de ces six histoires est obsédé par une manie qui le dépasse. La richesse des langages s’unifie dans le sentiment et dans la sensation physique, dans l’omniprésence du corps, selon le cours annoncé par l’un des héros : « J’aimerais vous conduire jusqu’au point où l’on cesse de comprendre, où l’on cesse d’imaginer ; je voudrais vous conduire là où l’on commence à sentir. »
Dans les récits de Del Giudice, l’écriture gouverne une histoire où les premiers à être impliqués – à garder leur souffle suspendu – sont le narrateur et le lecteur, pions du suspens, héros du désir et du pari avec la mort. C’est justement de ce pari, de l’ironie qu’il requiert, que naît l’aventure.
« Mania est un mot double : bien-mal. Il se rapporte à un comportement obsessionnel, bipolaire. Ce sont six brefs récits qui cherchent à explorer les différents façons d'être, entraîné par les manies... » Lire plus