« Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. » C’est ainsi qu’Émile Coué (1857-1926), pharmacien de son état, préconisait à chacun de s’adresser à lui-même pour commencer la journée. Autour de lui, un nouveau réseau de praticiens se développe dans les années 1920, héritier de l’hypnose thérapeutique, mais affirmant désormais le rôle central du sujet dans sa cure. Avant de faire son entrée dans le langage courant, victime de discrédit, la méthode Coué connut des heures de gloire entre la Première et la Seconde Guerre mondiale. La réputation internationale de Coué (véritable vedette aux États-Unis), l’attrait exercé par sa méthode auprès des anciens combattants, des milieux évangéliques et du public féminin, le regard plutôt bienveillant que porte sur elle la médecine : autant de réalités qui ne laissent pas a posteriori de surprendre, tout autant que l’accueil que lui réserve la psychanalyse naissante, ou les liens tissés avec des figures et des organisations du nationalisme conservateur français. En s’appuyant sur une confrontation de la méthode Coué avec l’histoire sociale, politique, religieuse et médicale, en la resituant dans un moment clé de l’histoire des psychothérapies, Hervé Guillemain analyse les ressorts d’un succès et les raisons d’un déclin.
Hervé Guillemain est maître de conférences en histoire à l’université du Maine et membre du CERHIO (Centre de recherches historiques de l’Ouest). Il a publié Diriger les consciences, guérir les âmes. Une histoire comparée des pratiques thérapeutiques et religieuses, 1830-1939, La Découverte, 2006.