« La route noire rampe, immense dragon décapité. » Une route est en construction quelque part dans la campagne chinoise : on ignore où et quand elle doit aboutir.
Avec le départ du chef de chantier, les « mauvais éléments », subitement livrés à eux-mêmes, oublient la discipline et le carcan idéologique. Dans ce paysage décharné, affamé, la proximité d’un village peuplé de créatures humaines et animales attise les pulsions. Les instincts individuels et les passions se déchaînent sur ce théâtre inattendu de la comédie humaine : jeu, vol, crime, folie, violence animale, sexuelle… traversés d’éclairs de bonté, de finesse et de beauté. Où diable va-t-on ?
Ce roman vif, brutal, dont les audaces et le burlesque interrogent sans ambages le socialisme tel qu’il a cherché sa voie en Chine, permet à l’auteur d’afficher une maestria qui explose la langue de bois, dynamite le discours politique. Avec Le Chantier, Mo Yan affirme son génie singulier et nous livre une fable intense, complexe, envoûtante, teintée de son habituelle truculence. Un roman remarquable d’intelligence et de vivacité.
Mo Yan
Mo Yan, né dans le Shangdong en 1955, a reçu le prix Nobel de littérature en 2012. Une douzaine de ses romans et nouvelles sont traduits en français et publiés au Seuil dont Beaux seins, belles fesses (2004), Le Maître a de plus en plus d’humour (2005), Le Supplice du santal (2006), Quarante et un coups de canon (2008), La Dure Loi du karma (2009), Grenouilles (2011) et Le Veau suivi de Le Coureur de fond (2012).
« Le chantier est un roman se déroulant exclusivement sur un ...chantier, la construction d'une route dans une campagne chinoise .On est en plein durant le règne de Mao. Les ouvriers sont des repris de... » Lire plus