Les mots nous manquent pour dire le plus banal des paysages. Vite à court de phrases, nous sommes incapables de faire le portrait d’une orée. Un pré, déjà, nous met à la peine, que grêlent l’aigremoine, le cirse et l’ancolie. Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. Au temps de Goethe et de Humboldt, le rêve d’une « histoire naturelle » attentive à tous les êtres, sans restriction ni distinction aucune, s’autorisait des forces combinées de la science et de la littérature pour élever la « peinture de paysage » au rang d’un savoir crucial. La galaxie et le lichen, l’enfant et le papillon voisinaient alors en paix dans un même récit. Ce n’est pas que l’homme comptait peu : c’est que tout comptait infiniment. Des croquis d’Alfred Wallace aux « proêmes » de Francis Ponge, des bestiaires de William Swainson aux sonnets de Rainer Maria Rilke, ce livre donne à entendre le chant, aussi tenace que ténu, d’un très ancien savoir sur le monde – un savoir qui répertorie les êtres par concordances de teintes et de textures, compose avec leurs lueurs des dictionnaires éphémères, s’abîme et s’apaise dans le spectacle de leurs métamorphoses.
« En trois chapitres Romain Bertrand raconte l'entreprise de la Description de la nature de Bernardin de Saint Pierre et Buffon en passant par Goethe, trois siècles d'histoire des sciences ! Dans la... » Lire plus
« Romain Bertrand, dans cet ouvrage, fait un historique de l'art de décrire la nature, depuis le XVIIIème siècles au XXème siècles. En suivant le travail de naturalistes et de scientifiques, il nous fai... » Lire plus
« Un texte magnifique, qui replace l'art des description en perspective. Salutaire. » Lire plus