«C'est ainsi qu'à nous, il ne peut être tenu rigueur de quoi que ce soit. À la naissance, nous avons déjà tout réussi. Nous triomphons dans nos affaires terrestres, célestes, nos comptes en banque et nos adultères, car chaque matin, par la grâce du Très Haut, nous apparaissons neufs, prêts à nous asseoir à la table de Dieu. Dieu, qui, machinalement, nous répare. Il est là, notre secret éternel. Il est là, le Maroc qui a gagné son indépendance.»
On entend là une voix inhabituelle dans la littérature maghrébine, celle d'un jeune bourgeois égoïste et satisfait, manifestement distincte de celle de l'homme qui écrit. Mais cette voix ne demeure pas figée dans ses certitudes. Nous sommes dans les années quatre-vingt et, sous le regard du garçon qui s'exprime, différents univers vont se révéler : celui des beaux quartiers, celui des bidonvilles et celui d'une spiritualité tenue secrète. Avec l'aide d'un journaliste, le narrateur abandonne son environnement familier pour franchir plusieurs portes interdites. Est-ce à dire que sa vie confortable, familiale, va être définitivement modifiée ?