Le Passé décomposé se présente – en apparence – comme un sombre roman policier et revêt la forme d’un interrogatoire de police serré, mené par un commissaire à la retraite qui connaît le suspect depuis son enfance. Le redoutable enquêteur, à la fois faussement bonhomme et volontairement avare de mots, pousse l’homme interrogé à un long monologue, avec ses refus, ses réticences, ses demi-mots, ses phrases d’agressivité et ses déballages brutaux.
Ainsi Noël, le narrateur, quadragénaire frustre à la limite de la débilité mentale, avec cependant d’étranges éclairs d’intelligence et de compréhension du monde, s’impose en meurtrier et instrument de vengeance comme l’une des figures les plus fortes et les plus singulières du roman moderne.
L’atmosphère lourde, étouffante parfois, n’est pas sans refléter celle de la Belgique récente en proie aux affaires scandaleuses et criminelles. L’auteur la tempère par le recours aux portraits satiriques, aux traits grotesques qui déclenchent un rire grinçant.
Hugo Claus est un grand de la littérature qui sait élever à l’universel l’évocation de la médiocrité petite-bourgeoise de province. Il est aussi un homme de contrastes et le Passé décomposé est à son image : du sang et du rire, de la tendresse et de l’horreur, de l’obscénité et de la poésie.
« Un livre très intéressant à la limite du polar fantastique.Pur produit belge! » Lire plus