« Par-dessus tout, il me plaisait parce que c’était un homme, et que mon empire sur l’énigme d’un homme nu me fascinait. Il était la première personne sur qui je possédais un pouvoir, j’adorais ce sentiment nouveau de mon importance. Faute de comparaison, il dominait les épreuves d’un concours sans autre candidat. J’ignorais la banalité de notre liaison, celle d’une fille et d’un garçon qui s’apprenaient l’un l’autre, je croyais que nos personnalités s’entrelaçaient avec nos doigts.
« Bien sûr, je savais que Lucien Kassler m’oubliait dès que ses doigts touchaient le corps et les clés de sa clarinette, dès que sa joue se posait sur la mentonnière de son alto. Mais je n’étais pas jalouse de cette autre liaison, même si j’enviais son instrument quand il le sortait de sa boîte, comme un bébé d’un berceau, avec une tendresse caressante. »