« Sur les murs du cirque totalitaire, les portraits du Grand Clown grimaçaient, victorieux, à l’adresse de l’Auguste, solitaire. »
Face à la puissance du dictateur, face aux redoutables moyens de manipulation et de déformation des tyrannies, l’artiste se sent bien seul, quand il tente de révéler ou réhabiliter la vérité. Il est vite broyé, à moins d'inventer des ruses, comme l’opacité et la duplicité.
Norman Manea dépeint la Roumanie des années 80, dans le cirque infernal du Grand Clown des Carpates, Ceau?escu, entre tragédie et comédie. Il revisite aussi certains pans obscurs de la mémoire roumaine, en particulier le passé sulfureux de Mircea Eliade, quand il était un fervent adepte de la Garde de fer, mouvement d’extrême droite, nationaliste et antisémite.
Ces textes, courageux, ont parfois suscité de vives polémiques. Ils sont d’une brûlante actualité, dans une époque où les clowns sont de nouveau nombreux sur la scène.
Traduit du roumain par Marily Le Nir et Odile Serre