« En 1913, et même en 1914, on a vécu dans ce qu’on pourrait appeler l’inconscience – un mot que seul notre savoir postérieur permet. Il faut donc faire preuve d’imagination : la guerre de Troie, pour plagier Giraudoux, pouvait ne pas avoir lieu. Mieux, aux yeux de beaucoup, elle n’était guère imaginable.
On peint, on écrit des pièces, on fait des romans, on applaudit à l’Opéra, on goûte les joies de la bicyclette et, pour les plus aisés – une minorité, certes, mais ils donnent le ton –, les sensations de l’automobile, celles plus récentes de l’aviation. De partout, écrivains, peintres, musiciens accourent à Paris, Ville lumière sans doute à son apogée, et qui résonne de tous les courants de la culture mondiale. “Belle Époque”, oui, dans le domaine de la création artistique, littéraire, musicale, scientifique et technique, dont l’avant-guerre 1913-1914 est le point d’orgue. »
Par l’un de nos meilleurs historiens, une vivante chronique de la vie culturelle en France à la veille du basculement dans la catastrophe. Une galerie de portraits haute en couleurs, de Gide et Péguy à Gaston Leroux, de Barrès et Déroulède à Jaurès, en passant par Apollinaire, Diaghilev et Rolland Garros.
Professeur émérite des Universités à Sciences Po. Auteur de nombreux ouvrages, il a obtenu le prix Médicis essai pour Le Siècle des intellectuels (1997) et le prix Goncourt de la biographie pour Madame de Staël (2010).